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Les leçons d’argent que j’aurais aimé apprendre au secondaire

Partout au Canada, les écoles intègrent la littéracie financière dans leur programme d’études. Nous avons demandé à quelques jeunes diplômés ce qu’ils en pensent.

21 août 2024

Écrit par Ariel Teplitsky

illustration d'un bureau sur lequel se trouve un manuel avec de l'argent et des cartes dépassant des pages, et quelques pièces de monnaie sur le bureau.

À retenir

  • La plupart des gens diraient que leurs études secondaires ne les ont pas préparés à la réalité financière à laquelle ils sont confrontés à l’âge adulte.
  • Partout au Canada, les écoles intègrent la littéracie financière dans leur programme d’études. L’acquisition de ces compétences dès le plus jeune âge peut aider à mettre les jeunes sur la voie d’une plus grande réussite après l’obtention de leur diplôme.
  • Quatre stagiaires de Tangerine discutent de ce qui manquait à leur éducation financière au secondaire et de ce qu’ils pensent que les écoles secondaires devraient faire pour améliorer le savoir-faire financier des étudiants. 

Money lessons I wish I’d learned in high school

Repensez à vos années au secondaire. Que saviez-vous de l’argent? Auriez-vous pu expliquer ce qu’est un CPG? Comment fonctionne le remboursement de dettes? Comment établir votre cote de crédit?

Pour trop d’entre nous, les réponses à ces questions seraient « pas grand-chose », « non », « non » et « non ».

C’est pourquoi un nombre croissant d’écoles de partout au Canada intègrent la littéracie financière dans leur programme d’études, conscientes que l’acquisition de ces compétences dès le plus jeune âge peut aider les jeunes (en anglais) à mieux réussir après l’obtention de leur diplôme.

Nous avons donc rencontré quatre jeunes employés effectuant un stage chez Tangerine — Maryan Ali, Emily Anderson, Tommy Linden et Marianne Semaan — pour savoir ce qu’ils ont appris sur les finances au secondaire, ce qu’ils savent maintenant et ce que les écoles pourraient faire, selon eux, pour mieux préparer leurs diplômés.

Combien d’années se sont écoulées depuis que vous avez tous obtenu votre diplôme de fin d’études secondaires?

Tommy : Moi, ça fait deux ans.

Marianne : Il y a cinq ans.

Emily : Moi, ça fait quatre ans.

Maryan : Six ans.

Pendant vos études secondaires, qu’avez-vous appris sur l’argent, que ce soit en classe ou pas?

Maryan : On ne nous a jamais vraiment parlé de l’argent; il existait simplement. C’était quelque chose que tu savais devoir obtenir, c’est pourquoi il fallait bien réussir à l’école pour pouvoir obtenir un bon emploi — pour gagner de l’argent! Personne ne m’a jamais parlé de l’argent jusqu’à ce que je suive un cours de commerce qui l’expliquait du point de vue de l’entrepreneuriat — profit, perte, revenu, éthique…

Marianne : Ce qui m’a le plus rapproché de l’apprentissage des finances personnelles, c’est lorsque j’ai commencé mon premier emploi au début du secondaire, et que mon père m’avait ouvert un compte bancaire pour étudiant. Le fait d’avoir un endroit où garder tout mon argent était bien, mais mon compte en banque se résumait à ça.

Emily : Je suis dans le même bateau! Je ne me souviens pas avoir appris grand-chose sur la gestion de l’argent au secondaire dans le cadre du programme scolaire. Tout au plus, on a peut-être utilisé des jetons ou fait des scénarios d’échange de dollars pour apprendre certains concepts mathématiques. À l’université, j’ai dû apprendre à établir un budget et j’ai appris l’importance de rembourser ta carte de crédit. Je dirais donc que la majorité de mon parcours d’apprentissage de l’argent s’est fait en mode système D.

Tommy : Pendant mes temps libres, j’ai trouvé plusieurs créateurs sur Instagram, TikTok et YouTube qui sensibilisent les étudiants et les jeunes adultes à la gestion de leurs finances personnelles. Les médias sociaux m’ont permis d’en apprendre davantage sur les finances que durant mes études formelles. J’ai appris l’importance d’investir pendant que je suis jeune, de l’intérêt composé, de l’épargne et d’ouvrir des comptes comme le CÉLI.

Le jour de mon 18e anniversaire, j’ai ouvert mon propre compte Tangerine pour pouvoir gérer et faire le suivi de mon argent. Je pense que l’importance de l’accessibilité est souvent ignorée, mais Tangerine réussit très bien à rendre les choses simples pour les jeunes adultes qui cherchent à prendre le contrôle de leurs finances personnelles.

Alors maintenant que vous êtes adultes, qu’auriez-vous aimé apprendre à l’école en ce qui concerne la littéracie financière?

Tommy : J’aurais aimé qu’on m’enseigne les différents types de comptes et ce que sont les plafonds de cotisation. J’aurais aimé que quelqu’un m’explique comment les cotes de crédit sont déterminées et consultées, ainsi que comment s’y prendre pour les établir. J’aurais aimé que quelqu’un me fasse comprendre l’importance des décisions financières que tu prends quand tu es jeune et qu’il est extrêmement important de prendre ces habitudes le plus tôt possible.

Marianne : En plus de comprendre les principes de base des opérations bancaires et les différents types de comptes, j’aurais aimé apprendre à adopter une réflexion à long terme par rapport à l’argent. Par exemple, l’investissement ou l’achat de ta première propriété, comment se constituer une bonne cote de crédit, ou même épargner pour la retraite. Quand on est jeune, on a du mal à penser à l’impact que nos habitudes financières auront sur nous à long terme.

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Si quelqu’un vous avait demandé « Comment fonctionnent les cartes de crédit? » quand vous aviez 15 ou 16 ans, qu’auriez-vous répondu?

Maryan : Je ne comprenais pas vraiment comment elles fonctionnent. Je pense que j’aurais dit que c’est une carte utilisée pour faire des achats qui contient l’argent que je reçois de la banque. Tous les adultes en ont une, et tu en as besoin pour acheter une maison. 

Emily : J’aurais probablement dit que c’est avec ça qu’on peut obtenir sans cesse de l’argent qui n’est pas vraiment le tien. 

Tommy : Compte tenu de mes connaissances à l’âge de 15-16 ans, j’aurais dit que c’est la façon de payer les choses si tu ne veux pas utiliser d’argent liquide, mais il y a un coût d’abonnement mensuel.

On dirait que vous auriez tous été de bons candidats pour la littéracie financière au secondaire! 

Puisqu’on en parle,  les étudiants du secondaire en Ontario (en anglais) devront, à partir de 2025, obtenir une note d’au moins 70 % à un test de littéracie financière pour obtenir leur diplôme. Le nouveau programme est enseigné dans le cours de mathématiques de 10e année et aidera les élèves à « établir et gérer un budget familial, à épargner pour une propriété ou un bien et à se protéger contre les fraudes financières. »

Que pensez-vous de cette initiative? 

Emily : Je pense que c’est un excellent début, mais que je peux concevoir que les élèves ne comprennent pas l’importance réelle de cet apprentissage et qu’ils risquent de décrocher. Je pense que ce plan serait encore mieux si l’on poursuivait le segment tout au long de la 11e et de la 12e année, en leur enseignant encore plus de compétences, comme de savoir comment on fait ses impôts.

Marianne : Je suis d’accord. J’avais l’impression qu’il s’agirait d’un cours à part entière, vu la multitude de volets à apprendre au niveau de la littéracie financière. J’ai été un peu déçue par le fait qu’il ne s’agissait que d’un élément en mathématiques. Malheureusement, quand on dit aux élèves qu’ils doivent obtenir une certaine note pour passer à l’étape suivante, ils se concentrent seulement sur l’obtention de ce résultat plutôt que de réellement absorber l’information. 

Tommy : J’aime bien le concept, mais j’ignore à quel point il sera efficace. Je ne pense pas que j’aurais eu la maturité nécessaire en 10e année pour comprendre ces sujets importants. La meilleure façon d’apprendre, à mon avis, c’est par « baptême de feu ». Ce n’est que lorsque j’ai été responsable de mes propres finances que j’ai vraiment appris comment fonctionne l’argent. Je pense qu’il faut un mélange d’apprentissage en classe de type atelier et d’expérience concrète de l’argent pour acquérir une compréhension d’ensemble de l’argent et des finances personnelles.

Il semble donc que ce que fait l’Ontario est un début, mais ne va pas assez loin. Peut-être préféreriez-vous davantage un programme comme celui de la Colombie-Britannique qui intègre la littéracie financière (en anglais) dans tous les cours de mathématiques de la maternelle à la 12e année.

Emily : Oui! J’ai l’impression que cela permettrait vraiment aux élèves d’acquérir des compétences et de les intégrer à leur mode de vie dès leur plus jeune âge, plutôt que de leur faire redouter un autre cours rempli de chiffres et un examen important de plus à affronter.

Marianne : Oui, ça me semble tellement mieux! La perception de l’apprentissage de la matière changera également parce qu’elle deviendra une matière permanente que les élèves devront intégrer dans leur programme annuel plutôt que quelque chose à faire et qu’ils oublieront probablement en moins d’un an.

Comment décririez-vous votre niveau de littéracie financière aujourd’hui?

Maryan : Je me décrirais comme ayant des connaissances financières approfondies. J’ai une bonne cote de crédit et j’ai toujours compris l’importance de payer mes factures de carte de crédit. Sur le plan des investissements, la confusion règne encore et j’ai des choses à apprendre sur les CÉLI, les FNB, les CPG, etc. J’ai l’impression que j’ai encore des choses à apprendre pour mieux épargner pour l’avenir. Quoi qu’il en soit, ma compréhension des questions financières est bien meilleure aujourd’hui qu’elle ne l’était lorsque j’étais au secondaire, et je peux dire que tout cela s’est fait en autodidacte.

Marianne : Lentement mais sûrement, ma littéracie financière s’améliore. En tant qu’adulte, ça peut être décourageant d’essayer de comprendre des concepts financiers qu’on aurait dû apprendre il y a des années. Heureusement, de nos jours, il y a d’innombrables ressources en ligne qui permettent d’apprendre et qui ne rendent pas la littéracie financière intimidante. Le plus difficile, c’est de s’engager à faire ce premier pas de vouloir en savoir plus.

Tommy : Je pense qu’aujourd’hui, j’ai plus de connaissances financières que jamais grâce à l’énorme réseau d’influenceurs qui transmettent ces compétences importantes. Je pense qu’il y a encore du chemin à faire avant que je puisse payer mes propres impôts ou faire un versement initial sur une maison. Pour l’instant, je me sens à l’aise avec l’épargne, l’établissement d’un budget et l’investissement. Même si je reviens de loin, malgré l’absence de formation officielle, j’ai encore du chemin à faire.

– Entretien réalisé par Ariel Teplitsky. Les réponses ont été éditées pour la longueur et la clarté.

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